Le montage du film est fini. J'ai tout recommencé une 3e fois. La tâche m'a paru énorme. Mais tous les bouts sont racordés maintenant. C'est étrange.
Je ne dors plus depuis plusieurs semaines. Je ne sors plus vraiment non plus. J'ai puisé et rassemblé toutes mes forces. Voilà.
C'est drôle comment les choses se sont organisées. Il y en a beaucoup que j'aurais cru ne jamais faire si j'y avais pensé a priori, sur le papier comme on dit.
D'abord évidemment toute cette expérience de se confronter au désir, à l'autre, à la réalité, ça c'est l'histoire du film, vous le verrez.
Mais aussi techniquement. Par exemple, avant de faire le film, je détestais les plans fixes et larges. Je n'aurais jamais imaginé faire un film dans lequel la caméra ne bougerait pas tout le temps pour recueillir les détails. J'ai eu du mal à me résoudre à l'idée que le film serait fait de ces plans fixes et larges, je l'ai repoussée autant que j'ai pu. C'est très drôle d'y repenser maintenant. Je vois ces plans, leur force, à quel point ils permettent de saisir des choses très subtiles, des "états d'âme", comme on dit, qui passent furtivement, à quel point ils sont pudiques aussi... J'en suis venu au point où j'ai viré beaucoup de gros plans pour ne garder que ces plans que je ne voulais pas tourner au départ.
Je crois qu'un film, c'est aussi un portrait de la personne que vous filmez. J'aurais pu faire un autoportrait, ça ne m'est même pas venu à l'idée. J'ai viré tous les plans où j'avais l'air de faire le malin ou le joli. J'étais le premier à m'ennuyer en les regardant. Je n'ai pas fait un film pour flatter ma vanité. Je ne dis pas que je n'en ferais pas un jour... lol J'apparais donc dans ce film par accidents.
Mais il y a, je crois, dans ce film, un joli portrait de Marcel qui apparaît comme on ne l'a jamais vu.
J'ai ménagé beaucoup d'aftermaths, ces moment où les acteurs et le spectateur prennent le temps de laisser les choses se faire. A une époque où on les supprime par peur des temps morts, c'est sans doute le choix le plus radical que j'ai fait, celui dont je ne suis pas sûr qu'il passe. Et pourtant comment saisir ces petits détails, ces mouvements d'humeur autrement qu'en prenant le temps de les laisser venir ?
Le montage est fini. Il me reste quelques petits détails à régler, je crois que je les garde, ces détails, pour ne pas me détacher trop vite du film. Il y a encore le son à travailler. Ca va me prendre quelques jours. Mais le plus gros est fait.
Je ne sais pas si je suis soulagé, satisfait ou désemparé. Je crois que je suis plutôt surexcité.
Je vous montrerai un trailer dans quelques jours...
Humeur :
Veux-tu être fidèle d'Infidèles ? (clique...)