29.9.08

pause


J'ai repris le découpage.
Arrivé au milieu, je fais une pause de quelques minutes pour m'aérer les idées :

28.9.08

gourmandise

J'ai un immense appétit maintenant. Je suis très gourmand de filmer, tirer toutes sortes de sensations, essayer des choses, s'amuser. miam...

Humeur :

27.9.08

les vêtements


Je suis allé chercher les vêtements aujourd'hui.
J'arrête tout et je fuis à l'autre bout du monde avec ? J'hésite...

26.9.08

le son est bon ?


Je teste tout le matériel. J'arrive aux micros HF que Catherine m'a procurés. Je fais les branchements. Je mets le casque : rien. Pas un bruit. J'appuie sur tous les boutons. Toujours rien. Je change de casque. Je vérifie les branchements. Silence. Je reconfigure. J'éteins le boîtier. Je vire les piles. Je recommence tout. Toujours rien. Toutes sortes de pensées traversent mon cerveau, celle qui revient, c'est : j'ai quelques jours pour trouver une solution de remplacement. Je regarde les boîtiers. La fréquence n'est pas la même. Je règle : Ca marche.

25.9.08

le crâne


J'ai reçu le crâne aujourd'hui. Il était tenu délicatement entre les mains tendues du livreur.
Il est beau, emmitouflé dans sa boîte.

Les éléments se rassemblent, le tournage approchent, ça m'excite.

Humeur :


24.9.08

Enculé


J'ai rencontré Eric Pougeau aujourd'hui pour récupérer sa plaque mortuaire. Il est très doux, très gentil et sa pièce est très forte.

Humeur :

17.9.08

l'expérience du corps par le corps

Je rencontre quelqu'un venu directement du cinéma... comment dire ? classique ? conservateur ? aujourd'hui.

Il sort à peine de l'école, il est plein d'espoir et assez impressionné par lui-même, plus par ce qu'il pourrait faire que par ce qu'il a fait donc.

Je le balaie machinalement du regard. Mes yeux s'attardent sur ses cheveux qui ne donnent pas envie d'être touchés et son regard un peu fuyant. Il a l'air très doux.

Il a lu quelques notes du film. Il n'aime pas du tout. Je souris. Je lui propose de rentrer un peu dans le détail, de lui expliquer... non, non il n'aime pas.

On est à deux semaines du tournage. Jusqu'à présent personne n'a soulevé la moindre objection. Je suis curieux d'entendre ce qu'il va dire. Il n'est pas trop tard. Je peux tout arrêter. Ou tout modifier. J'écoute.

Il n'ose pas trop dire ce qu'il pense ou alors les quelques notes qu'il a lues ne lui suffisent pas pour se forger une opinion. Dommage.

Il cherche...

"La situation est factice". Il dit "factice". Je creuse... Il précise : "Qu'est-ce qu'ils font là ? Pourquoi ils ne partent pas ?"
Je réponds qu'ils peuvent partir, qu'ils vont peut-être partir, je ne sais pas, pourquoi pas.

Ses yeux s'écarquillent. "Oui, mais..." Il réfléchit... "que veut le réalisateur ? Qu'est-ce qu'il veut faire ?"
Je souris : Ah !.. Je dis que le réalisateur veut coucher... non, le réalisateur demande à l'acteur de coucher avec lui.

"Bon, mais alors, c'est un film porno ? Moi, ça ne m'intéresse pas un..."
Je me marre en répondant non, surtout pas. Ce n'est pas du tout mon problème le porno. Ca n'a rien à voir...

Je m'arrête. Je le regarde. J'ai bien plus envie de l'écouter que de parler mais je dis que d'habitude, le désir du réalisateur est camouflé derrière l'histoire, la technique, le travail des acteurs, là il est apparent. Oui c'est bizarre qu'un réalisateur demande à une actrice de simuler un viol par exemple, et pendant le tournage toute l'équipe sent bien que c'est bizarre. Et avec tout le travail sur la mémoire affective de certains acteurs, on ne sait même pas si leurs corps font la différence entre réalité et imaginaire... Là je rends ce désir apparent. Je ne cache pas le fait que le désir du réalisateur est discutable. Je pose la question, je ne l'élude pas.

Là, les connexions synaptiques de son cerveau frétillent, je le vois à l'agitation de ses yeux. Il est mignon. "Mais pourquoi du sexe ?"
Je comprends qu'il se pose cette question, ça aurrait pu être un repas ou une conversation, c'est pareil pour moi. Du moment qu'ils sont confrontés à cette question, du moment qu'ils ne puissent pas la contourner ou que, s'ils la contournent, ça se voit. C'est même peut-être ce qui va m'intéresser le plus, les contournements.

J'ajoute que soit on est libérés sexuellement et alors l'implication est relativement anecdotique et légère, soit ça reste très lourd, très chargé d'enjeux. Ca, je suis curieux de le voir.

Il a l'air de sentir qu'il y a quelque chose là de très excitant, mais il n'arrive pas à le rendre concret. Dans ses yeux, je crois bien que ça le dépasse. Il cherche à quoi le raccorder avec ce qu'il connaît.
"Bon, mais qu'est-ce que tu filmes ? Même pour un documentaire, il faut savoir ce qu'on va dire à l'avance pour savoir quoi filmer..."
Je m'exclame en riant, mais non. Je ne sais pas du tout ce qu'il va se passer. Je n'ai pas d'apriori. C'est ça le défi... Oui, là tu touches un des points sensibles du projet... comment le filmer ? oui... et là...

Je m'arrête. Je me souviens qu'il vient d'un cinéma qui met l'image au service du film, qui soumet complètement le travail sur l'image à un gros fantasme. Je souris en disant que déjà, l'image, elle est autonome. Tous les éléments sont autonomes dans le film : le son, l'image, le travail d'acteur... Ils vont parfois se rencontrer, parfois entrer en conflit, parfois suivre leur trajet en se longeant.

Il ne suit plus du tout. J'hésite. Je vais un peu plus loin pour voir... oui, l'image, j'en fais une utilisation à part entière, je lui fais suivre son propre parcours, exactement comme on le fait avec un scénario par exemple d'habitude. Tu pourrais ne regarder que l'image, sans le son, sans le travail d'acteur, et ça viendrait te dire quelque chose, soulever des questions, etc...

Je sens qu'il faut changer de sujet, c'est beaucoup trop théorique pour lui. Je vois bien qu'il aimerait comprendre, mais...

"Mais ça ne parle que de sexe ?" Il en revient à ça. Je ne sais pas pourquoi il bloque. Ca m'étonne.

Je tente un ben non, d'abord je vais saisir ce qu'il y a avant le sexe, autour du sexe, à côté, je crois que ça va rendre la relation sexuelle plus lisible. Il arrive que le cinéma n'ose pas investir la relation, il s'arrête avant, il laisse faire et regarde passivement. Du coup, c'est vague et illisible. Là, on va essayer d'aller voir. On devrait sentir l'importance de tel geste, tel regard, tel mot...
Et puis, le sexe c'est un prétexte. C'est le rapport entre deux personnes qui m'intéresse.

Finalement, je renonce à le convaincre en disant que mais enfin oui, pour faire simple, oui le spectateur va se demander s'ils vont baiser ou pas. J'utilise cette question pour en poser d'autres, mais bon...

J'essaie de voir s'il a autre chose à ajouter. Je crois qu'il finit par dire : "C'est un film à thèse alors ?"

Je rigole. Je rigole beaucoup mais je crois que j'arrive à ne pas le montrer. Je me demande ce qu'on a bien pu lui dire dans son école sur les films à thèse. J'imagine que c'est une insulte.

Je réfléchis. Est-ce qu'on peut dire que c'est un film à thèse ? Ca me paraît très concret moi, l'expérience du corps par le corps.

Je dis quelque chose comme j'essaie de questionner le rapport entre deux personnes, ça aurait pu être le rapport amoureux, mais là, devant une caméra, c'est factice pour le coup, alors c'est le rapport entre un réalisateur et un acteur, c'est un exemple concret. Ensuite pour provoquer ce rapport, j'utilise le prétexte du sexe, c'est concret ça aussi, c'est un cas en quelque sorte. C'est le cas qui me paraît le plus parlant. Et ce rapport, j'essaie de le prendre par tous les bouts, de l'étudier sous ses différents aspects, d'aller même jusqu'à l'inverser pour voir. Après j'organise cette étude, je la rythme, je la contraste. C'est censé se débarrasser des thèses. On est censé avancer à découvert là.

Je ne lui dis pas que j'ai essayé de simplifier le plus possible la conception et le tournage d'un film, de ne garder que les os, que c'est un immense travail de tout simplifier, de virer tout ce que tout le monde part du principe qu'il faut faire.

Je ne lui dis pas que ça m'amuse d'essayer de perdre le pouvoir et le contrôle, d'organiser des occasions pour que quelque chose arrive sans savoir ce qu'il va arriver.

Je ne lui dis pas l'importance politique que ça a.

Je ne lui dis pas comme ça m'excite de prendre le risque d'aller dans une démarche tellement différente de celle d'un réalisateur qui crée un monde et qui demande à une équipe de s'y plier, de s'y soumettre, de lui faire croire que ce monde existe...

Je ne lui dis pas que dans réalisateur, il y a réalité.

Je ne lui dis pas...

Je ne dis plus rien. J'aurais l'impression de parler chinois comme on dit. Je souris.

Je n'arrive pas à savoir s'il est trop jeune, s'il n'a pas encore buté contre les limites de sa technique pour avoir besoin de la remettre en cause, s'il en est encore à essayer de la maîtriser, de bien faire ou s'il a de véritables objections à soulever, qui m'éviteraient de foncer dans le mur...

Je comprends que je n'arriverai pas à le savoir. Je souris encore.

Dommage.

Humeur :

11.9.08

des questions ?

Des questions vous passent par la tête ? Envie d'en savoir plus ? De réagir ?
On essaiera de vous répondre.
C'est à vous...

10.9.08

Anecdotes


  • La scène de nudité sur le lit est un clin d'oeil à "Flesh" de Paul Morrissey et à "Sleep" d'Andy Warhol.

  • La plaque mortuaire "enculé" est une pièce d'Eric Pougeau.

  • Les vêtements que portent ou non Marcel Schlutt et Claude Pérès soulignent l'équilibre de leur rapport : Marcel est nu quand Claude est habillé, puis Marcel porte un tee-shirt quand Claude porte un jean, etc...

  • La vanité éparpillée dans l'appartement est une pièce de Claude Pérès appelée "outils".

  • Dans le scénario, les personnages sont appelés A et B.

  • La scène à 4 pattes sur le lit est un clin d'oeil à la première scène de "la loi du désir" de Pedro Almodovar.

  • Il y a eu plus de 17 versions du scénario jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de scénario du tout.

  • Pendant la séquence du canapé, la minette s'est accidentellement déchargée. Claude a décidé de continuer, se rappelant sa première intention de filmer cette scène dans le noir.

  • La bouteille d'eau qui parcourt le film représente l'appétit ou la soif par clin d'oeil au vase du désir lacanien.

  • Claude n'arrivait pas à casser la bouteille ; les bris au sol sont ceux de plusieurs verres, cassés avec un marteau.

  • Sur le mur de la chambre est affiché le plan du film.

  • Les trois livres sur la cheminée : "C'est tout" de Marguerite Duras, "Œdipe à Colonne" de Sophocle et "Hamlet" de Shakespeare.

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