17.12.06

Rencontre avec Natal

J'ai reçu un message de Natal, une des productices d'Hysterie prod qui a produit "One night stand" d'Emilie Jouvet, qui vient de voir mon film "Manqué" dans un festival. Elle a aimé. Ca tombe bien, j'ai envie de travailler avec cette production : on décide de se rencontrer.

C'est le soir. On se retrouve dans un café. J'arrive le premier. Je choisis un endroit tranquille. Je serais plus à l'aise si tout le monde n'entendait pas ce que j'ai à raconter.

Elle arrive. Elle est très douce, très simple. Un visage d'enfant, l'ovale assez arrondi, les yeux légèrement bridés, le regard un peu naïf, la voix calme et l'air assez sûr. Je suppose qu'elle doit être têtue parfois.

On discute un peu. Elle me parle de "Manqué", de ma voix. Je souris. J'ai envie de dire que oui, je suis acteur aussi, mais je ne dis rien.

Elle attend qu'on attaque. J'ai l'impression même qu'elle va demander ce qu'on attend quand je lui dit : "On commande nos cafés puis on s'y met ?". Ca répond à la question qu'elle allait poser, je le vois à sa façon d'acquiescer.

On sourit.

Des personnes viennent s'asseoir juste à côté de nous. Moi qui voulais être tranquille... Tant pis.

Je sors mon séquencier et je commence à lire. Là je rentre dans un couloir de plus d'une heure durant lequel je lis, je ponctue, j'explique au fur et à mesure. Je suis seul là. Je rame un peu. Mais ses réactions enthousiastes, son air pensif, ses yeux enjoués m'encouragent. Ca a l'air de lui parler.

Elle écoute, demande des précisions et ne dit pas vraiment ce qu'elle en pense. Mais elle a l'air de comprendre ce qui fait que ça me paraît nécessaire d'aborder le sexe autrement, d'utiliser le noir et la lumière et d'essayer de mettre au point une autre méthode de travail, pour des raisons artistiques et politiques.

Je lui montre aussi des notes, des plans de toutes les couleurs qui me servent pour travailler le rythme... Ca l'amuse.

Elle me demande de quoi j'ai besoin. Je lui dis : "pas d'argent, c'est important de faire un film sans argent, de voir ce qu'on peut faire sans moyens. Les moyens, c'est un truc pour les paresseux qui croient que ça remplace le travail. Non, j'ai besoin d'un regard extérieur pour l'écriture, et puis de soutien pour la production ou la distribution, voilà..."

J'ai l'impression que j'ai réussi à partager mon enthousiasme, et enthousiaste je le suis incroyablement. Mais je suis fatigué maintenant. Elle va réfléchir. On se quitte là.

Humeur:

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