20.3.08

un dîner chez Sébastien Meunier


Je suis invité à dîner chez Sébastien. Je ne le connais pas. Je sais qu'il a une imagination débordante et une certaine propension à s'amuser de la provocation.

J'arrive. Je lui parle du projet. Je n'ai pas besoin de dire grand chose que ça lui parle déjà. Je souris.

Il me montre des photos et des vidéos de ses collections. Il est un peu intimidé, très légèrement nerveux. Il s'embrouille avec la technique, appuie sur tous les boutons de son ordinateur, tout disparaît. Plus rien. Il appuie sur tous les autres boutons : ça revient.

Je regarde. Je ne lui facilite pas la tâche : je ne fais aucun commentaire. Je suis pourtant très curieux et très amusé par les astuces que je vois. Je me rends compte que je suis silencieux depuis un moment, je finis par me forcer à dire quelque chose, je ne sais plus quoi : "génial" ou "j'aime" ou... peu importe... Quelquechose d'encourageant. Je repère un imperméable sur lequel est floqué la définition du mot "exhibitionniste". Je le veux pour mon film.

On passe à table. La cuisine est très simple et très fine : des pâtes fraîches avec des copeaux de parmesan, un filet d'huile d'olive et de la roquette. Sébastien change de tenue entre chaque plat. Il joue comme un enfant espiègle et légèrement pervers. Ca m'amuse. Il est perturbé un petit moment par mon amusement. Il ne sait pas si c'est de l'indifférence. Mais non, il voit bien que je l'aime bien. Tout va bien.

On reparle du projet avec les invités. L'un d'eux dit : "Oui parce que dans ce film de Catherine Breillat, on voit bien que telle actrice est très mal à l'aise au fond..." Je réponds "Oui, c'est ça qui m'intéresse, filmer ce malaise, pas faire comme si tout allait bien, non, si on est mal à l'aise, ça se verra..." Ma réponse le laisse pensif.

On discute encore un peu. La soirée se termine. Ils font quelque chose de délicieux, Sébastien et son entourage, quelque chose de "huysmansien" : ils maîtrisent parfaitement les règles du savoir-vivre, du bon goût, du raffinement, de la sophistication, mais ils ne les respectent pas, ils se font respecter d'elles.


Humeur :


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